Le cancer de la prostate

Le cancer de la prostate occupe la première place parmi les cancers masculins, surpassant ceux du poumon et du côlon, et se positionne à la troisième place en termes de décès annuels par cancer. Bien qu'il soit rare avant l'âge de 50 ans, son incidence augmente avec l'âge. Souvent asymptomatique et à évolution lente, le diagnostic moyen intervient à l'âge de 69 ans. En France, environ 50 000 nouveaux cas sont recensés chaque année.
Un diagnostic précoce affiche un taux de survie à 5 ans d'environ 93%, tandis qu'un diagnostic tardif le réduit à 26%. Les études européennes suggèrent qu'à l'avenir,  1 européen sur 8 sera touché par cette pathologie.

En 2022, 39 800 personnes étaient suivies pour ce cancer dans la région Grand Est. (Source : SNDS 2023)

Rappel anatomique :

La prostate est une glande du système reproducteur masculin, ayant pour rôle principal la production de liquide prostatique essentiel à la survie, la maturation , la production et la mobilité des spermatozoïdes.
Elle contribue également à l'éjaculation.
Située sous la vessie et autour de l'urètre, sa localisation facilite la palpation par le toucher rectal, permettant d'évaluer les contours et la consistance, susceptibles de se modifier en cas de pathologie telle qu'un cancer ou un adénome. 

Signes précurseurs et symptômes :

Le cancer de la prostate, souvent asymptomatique au début, se manifeste lorsque la tumeur comprime l'urètre, perturbant l'évacuation normale des fluides de la vessie. Les premiers signes à surveiller comprennent :

  • Besoins fréquents d'uriner, surtout la nuit.
  • Miction douloureuse.
  • Présence de sang dans les urines ou le sperme.
  • Affaiblissement du jet d'urine et difficulté à vider la vessie.
  • Problèmes sexuels tels que difficulté à avoir une érection ou éjaculation douloureuse.
  • Douleurs ou raideurs dans le bas du dos, les hanches et le haut de la cuisse.

Facteurs de risque :

  • L'avancée en âge constitue le premier des facteurs de risque du cancer de la prostate.

  • Les antécédents familiaux, tels qu'un père ou un frère ayant eu un cancer de la prostate, nécessitent une attention particulière. Il est considéré que 5 % des cas de cancer diagnostiqués en France sont d'origine héréditaire. Ces cancers sont souvent plus précoces et parfois plus agressifs. Une consultation en oncologie génétique est proposée aux patients dont les familles ont des antécédents de cancers de la prostate afin de mener une recherche des gènes impliqués.

  • L'origine ethnique : On observe une augmentation du nombre de personnes touchées par cette pathologie chez les hommes d'origine afro-antillaise et africaine noire.

  • Le régime alimentaire : Une consommation insuffisante de fruits et légumes, associée à une consommation trop élevée de graisses, notamment issues de viande rouge, peut augmenter le risque de développer cette pathologie.

  • Les facteurs environnementaux : Certains environnements professionnels, comme l'agriculture, semblent exposer les hommes à un sur-risque de cancer de la prostate.

    De plus, certains polluants chimiques tels que les pesticides pourraient être impliqués, bien que les données nécessitent encore confirmation. À noter qu'à partir de 2021, les cancers de la prostate induits par une exposition aux pesticides, dont le chlordécone, sont reconnus comme maladies professionnelles par l'Assurance Maladie.

Prévention :

Pour cette pathologie, il n'existe pas de dépistage organisé. Le dépistage est une démarche personnelle à aborder avec son médecin traitant ou un urologue qui vous exposera les avantages et les inconvénients des examens de dépistage, ainsi que leurs conséquences.

Selon les recommandations de l'Association Française d'Urologie (AFU), il est important d'être acteur de sa santé. Si vous avez entre 50 et 75 ans, parlez-en à votre médecin traitant. Le dépistage individuel se déroule en deux étapes :

  • L'examen médical avec le toucher rectal, permettant de sentir une partie de la surface de la prostate.
  • Un bilan sanguin avec le dosage du PSA (antigène prostatique spécifique), une protéine induite par les cellules prostatiques.

À noter que dès l'âge de 45 ans, et en présence de facteurs de risque dans la famille, il est conseillé d'être plus attentif au dépistage individuel.

Diagnostic:

Le diagnostic repose sur une analyse histologique* de la glande prostatique. Une biopsie est proposée en cas de toucher rectal suspect et d'un bilan sanguin montrant une augmentation du PSA. Une IRM sera nécessaire avant la réalisation de la biopsie lorsque le dosage PSA est augmenté. Cette technique d'imagerie médicale permet de visualiser des coupes anatomiques de la prostate sur plusieurs plans dans l'espace. Cela permettra d'identifier des zones suspectes qui seront plus spécifiquement visées lors de la biopsie.

Si la biopsie met en évidence la présence de cellules cancéreuses, des examens complémentaires sont alors prescrits. C'est ce qu'on appelle le bilan d'extension. Selon les caractéristiques du patient et de sa tumeur, les examens proposés sont une IRM, un scanner thoraco-abdomino-pelvien, une scintigraphie osseuse et/ou un PET scan.

 

*analyse histologique : Ensemble des caractéristique des tissus d'une tumeur, déterminées au microscope par l'examen anatomopathologique.

Traitement :

À la suite de ces examens visant à préciser le stade de la maladie, le score de Gleason sera calculé. On distingue globalement 5 groupes de tumeurs :

  • les tumeurs localisées à faible risque
  • les tumeurs localisées à risque intermédiaire
  • les tumeurs localisées à haut risque
  • les cancers localement avancés
  • les cancers métastatiques.

Après ce bilan d'extension et le calcul du score de Gleason, l'équipe médicale, lors de la réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP), rassemblant plusieurs spécialistes tels qu'un oncologue, un chirurgien urologue, un radiothérapeute, ..., pourra définir les meilleures options thérapeutiques possibles en fonction de l'âge du patient, de son état général ainsi que du degré d'évolution du cancer. L'option thérapeutique privilégiée sera ensuite présentée au patient lors d'une consultation spécifique, et une décision sera prise d'un commun accord avec lui. Les informations seront rassemblées dans un document écrit appelé programme personnalisé de soins, remis au patient ainsi qu'à son médecin traitant.

Les traitements pouvant être mis en place sont les suivants :

  • la surveillance active : le patient est alors suivi régulièrement. La fréquence de surveillance est définie par l'équipe médicale. Elle repose sur plusieurs examens, identiques à ceux réalisés pour établir un diagnostic.
  • la chirurgie avec la prostatectomie partielle ou totale (aussi appelée radicale) : ce geste chirurgical correspond à l'ablation de la prostate et souvent des ganglions lymphatiques adjacents.
  • la radiothérapie : c'est un traitement qui utilise des rayons de forte énergie focalisés sur la tumeur, permettant de détruire les cellules cancéreuses avec précision. Les rendez-vous en radiothérapie durent environ 15 minutes plusieurs jours dans la semaine pendant plusieurs semaines.
  • les traitements locaux comme les ultrasons ou la cryothérapie sont plutôt réservés à des récidives locales faisant suite à un traitement par radiothérapie.
  • l'hormonothérapie et la chimiothérapie peuvent également être proposées comme option thérapeutique dans le cas d’un cancer métastatique.

Pour aller plus loin : https://radiotherapie-hartmann.fr/actualites/cancer-prostate/le-diagnostic-du-cancer-de-la-prostate-et-la-classification/ 

Accompagnement et soins de supports :

La prise en charge complète d'un cancer englobe également tous les soins de support et de soutien nécessaires dès le diagnostic, pendant, et après les traitements. Cela comprend le soutien psychologique, social, la gestion de la douleur, l'accompagnement pour l'arrêt du tabac, l'aide à la pratique d'une activité physique adaptée, et le suivi nutritionnel pour dépister ou traiter une éventuelle dénutrition.

Il est important de noter que de nombreux patients opérés ou traités peuvent souffrir de dysfonctionnements érectiles et de perte de libido. Des consultations de sexologie et avec un psychothérapeute peuvent être bénéfiques pour faire face à ces effets secondaires. Une prise en charge adéquate nécessite de ne pas hésiter à en discuter avec son/sa partenaire et son médecin traitant.

Conclusion :

L'adaptation des habitudes de vie semble être incontournable dans la phase active de traitement et en post-cancer. La pratique régulière d'une activité physique adaptée s'avère être une aide précieuse pour favoriser la récupération liée à la fatigue et améliorer la qualité de vie pendant les traitements. Des études récentes indiquent que la pratique régulière d'une activité physique adaptée, comprenant 3 séances de 30 minutes par semaine, mélangeant des exercices de renforcement musculaire, cardiovasculaire et d'étirement, permet de réduire de 50% le risque de récidive.

Il est également recommandé d'opter pour une alimentation plus diversifiée et équilibrée, privilégiant une consommation suffisante de fruits et légumes, ainsi qu'une préférence pour les poissons et la viande maigre, au détriment des viandes rouges, de la charcuterie et des aliments riches en graisse. Ce régime alimentaire contribue à réduire le processus inflammatoire de l'organisme, évitant ainsi de nourrir les cellules cancéreuses qui sont favorisées par ce type d'inflammation.



Article réalisé avec la participation de Dr Sébastien LAKOMSKI.